Un parcours scolaire et Universitaire atypique

J'ai beaucoup hésité à publier ma biographie sur ce blog. Je n'ai pas vraiment l'esprit à me mettre en avant ou à exposer mes diplômes, mais je me suis dit que mon parcours atypique pouvait donner de l'espoir à certains jeunes pour qui les études n'ont pas toujours été linéaires, et pour leur témoigner qu'au cours d'une vie professionnelle, rien n'est jamais figé.

Après avoir obtenu un Baccalauréat technologique en construction et fabrication mécanique (F1) au Lycée Technique Rouvière de Toulon en 1976, puis un Diplôme Universitaire de Technologie de Génie Mécanique à l'Institut Universitaire de Technologie de Toulon, en 1978, j'étais promis à une carrière dans le domaine de la mécanique. C'est certainement ce que j'aurais fait si je n'avais découvert cette nouvelle matière qui émergeait dans notre vie, l'informatique et ce que l'on nommait à l'époque la télématique.

En 1978, une des rares formations proposant ce cursus se trouvait par chance dans mon Université à Toulon: la Maîtrise de Sciences et Techniques de télécommunications. Je savais bien que ce virage serait très difficile, les enseignants m'avaient prévenu en début de cursus, mais je n'imaginais pas encore à quel point: j'avais la certitude qu'avec une ou deux heures de travail personnel par jour, le monde m'appartiendrait. Cette petite erreur d'appréciation m'a valu le plaisir de repiquer l'année de licence mais bon, les certitudes disparues, je me suis mis au travail et j'ai obtenu la Maîtrise en 1981 avec la mention assez bien; excusez la médiocrité, mais de là où j'étais parti, j'en suis assez satisfait. C'en était assez avec les études, je voulais entrer dans le monde du travail (après le service militaire, ça existait encore, on devait une année à la société qui nous avait offert nos études).

Dans la vie, j'ai bien remarqué que certaines personnes ou certains lieux nous sont indissociablement liés. Moi ça a été l'Université de Toulon. En 1982, en passant par hasard voir mes anciens profs, j'apprenais qu'un poste d'ingénieur d'études en informatique était vacant. Je déposais donc ma candidature et contre toute attente, j'étais recruté comme ingénieur système sur mini ordinateur (ces ordinateurs qui étaient grands comme une armoire et moins puissants qu'un téléphone actuel).

Pendant les dix années qui ont suivi, j'ai ainsi vu apparaître les micro ordinateurs et le basic, l'IBM PC sous MSDOS, le Mac, et une multitude de machines plus géniales les unes que les autres dont plus personne n'a de souvenir.

"Un jour, chaque famille aura un ordinateur à la maison, connecté en réseau", je me souviens bien avoir entendu cette phrase qui m'a laissé rêveur. J'ai également entendu des choses encore plus farfelues comme "un jour chacun aura un appareil sur lui qui permettra de téléphoner et de communiquer dans la rue". Là j'avais du mal à le croire. Il était impensable d'acheminer une telle quantité d'information sur un canal hertzien avec les système de codage de l'époque, et pourtant ...

Ma fascination pour toute ces techniques qui devaient changer notre vie future, m'a conduit à reprendre des études, en plus de mon emploi, en préparant un Diplôme d'Etudes Approfondies (D.E.A), Automatique et Informatique - conception assistée des systèmes, que j'ai obtenu en 1985 à l'Université de Droit, d'Economie et des Sciences d'Aix-Marseille III, avec la mention assez bien. En hachant tous ses jours de vacances de l'année pour pouvoir assister au maximum de cours à Marseille dans la semaine, difficile de faire mieux.

En 1987 je continuais en m'inscrivant en thèse et 4 ans plus tard, en 1991, obtenais un Doctorat en Sciences de l’ingénieur "Composants Signaux et Systèmes", intitulée "Mesure en temps réel de la tension interfaciale liquide/liquide par analyse du profil d'une goutte pendante en traitement d'images numériques".

En 1992, à la publication d'un poste d'enseignant chercheur dans ma discipline à l'Université de Toulon, encore elle, je me suis dit que c'était une opportunité à ne pas manquer. Je postulais donc tout naturellement dessus et y étais recruté en qualité de Maître de Conférences.

Depuis cette date, j'enseigne et je cherche dans le domaine de l'informatique industrielle, du traitement du signal et de l'image. Depuis 1978, où je découvrais cette matière qui allait me passionner toute ma vie, à aujourd'hui j'ai vu passer des dizaines de techniques, de langages, de processeurs, d'architectures, de systèmes d'exploitation.

Je ne pourrais même pas en faire la liste, rien que cette année encore j'ai approfondi le Raspberry PI, l'arduino, les applications android, les objets connectés, l'internet des objets, et l'année n'est pas finie.

Comme je le dis très souvent à mes étudiants, quand on est passionné par ce que l'on fait, tout est toujours très simple. Cette passion, je l'ai eu pour la mécanique à l'époque, puis pour chacun des thèmes de l'informatique que j'ai abordés au cours de ma vie professionnelle, et à plus de 57 ans, je me rends compte qu'elle n'a jamais baissée.

Je leur donne également, à ceux qui peuvent l'entendre, ce qui est selon moi le secret de la réussite: "soigner les détails en toute circonstances".

Dans notre monde du zapping, on veut vous faire croire que tout est simple alors que, particulièrement dans la technologie, tout est terriblement compliqué. Ce n'est qu'en soignant les détails de façon quasi-obsessionnelle, que vous toucherez du doigt cette compléxité, et le secret de la réussite selon moi, c'est ça!

Retour vers le passé

La rédaction de ce post a été l'occasion pour moi de faire une recherche internet sur les différents systèmes que j'ai pu cotoyer durant ma vie professionnelle.

Si l'histoire vous intéresse, je vous communique les liens juste pour le plaisir:

Tout a commencé avec ma Texas TI 59 sur laquelle j'ai découvert la programmation et les bases de l'algorithmique, souvent pendant des nuits entières. Il y a eu ensuite le HP 9825, qui nous permettait de faire des calculs, en Basic, et surtout de tracer des belles courbes pour aigayer les projets en Maîtrise. Il y en avait un seul disponible pour les étudiants et les chercheurs, et le crénaux libres étaient souvent tard dans la soirée ou très tôt le matin. Il nous est arrivé de voir le jour se lever en sa compagnie.

Le Mitra 15 que nous programmions en Fortran sur carte perforées. Le programme envoyé sur la machine était compilé et exécuté en batch puis le résultat, ou la liste d'erreurs souvent, sortait sur une imprimante dans le quart d'heure suivant (quand tout allait bien!). Inutile de vous dire que le mode de programmation au hasard par la méthode essai/echec n'était pas conseillé.

Durant mon stage de Maîtrise au C.E.A, j'ai découvert le Télémécanique T1600, petit frère Français du Mitra 15. J'y ai développé un modèle de contre réaction de la boucle de refroisissement du réacteur surgénérateur Phénix. Le T1600 est au musée et le surgénérateur à la casse. J'y ai également découvert, un peu par hasard, une petite merveille qui venait juste d'arriver dans le service et que personne n'osait sortir de son carton, l'Apple II avec son lecteur de disquette.

Le début de ma carrière professionnelle à été marquée par le MBC Alcyane qui équipait les salles d'informatique puis le Mini 6 sur lequel je suis parti en formation sur le système d'exploitation et sur le langage d'assemblage; un énorme progrès sur la compréhension des systèmes. C'était la première fois que je cotoyais des vrais geeks. Il y eu également une machine absolument géniale, qui était trop en avance sur son temps à mon avis, le BFM 186, je suis sûr que vous n'en aviez jamais entendu parlé. Elle a été terrassée par l'IBM PC qui était 2 fois moins puissant, mais c'était IBM.

Comment ne pas parler du premier Mac, avec sa souris et surtout son interface fait de fenêtres et d'assenceurs, ou l'incroyable Next avec son système Next Step.

Voilà, j'ai eu la chance d'être le témoin d'évolutions collossales, et en quelques années de voir se mettre en place toutes les bases de l'informatique actuelle: l'écran graphique, la souris, les systèmes multi-taches, les disques magnétiques, le CD ROM, le réseau local, l'internet, .etc.

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